Résidence Senior : Communication, consultation, participation ou fait du Prince ?

Un projet repris et conduit dans la plus grande opacité

 

Une résidence pour seniors au centre-ville, juste à côté de la médiathèque

Le saviez-vous ? L’avez-vous vue sur les maquettes et les plans proposés lors de la votation pour le centre-ville ? Avez vous vu comptabilisé le nombre de logements de cette résidence ?

Non, rien, alors que tout était déjà connu du maire et annoncé aux vœux.

Un projet qui n’a pas non plus été présenté aux élus en commission urbanisme, et pas plus aux membres du Conseil des Sages (CDS) alors qu’ils sont les premiers seniors concernés et qu’ils étaient à l’origine du projet.

Un projet remanié pendant 2 ans dans une opacité totale, avec le refus de communiquer aux élus d’opposition ou au CDS la moindre information ou le moindre document : Quel programme ? Quelle réponse aux besoins identifiés par les Sages ? Quel cahier des charges négocié avec le promoteur ?

Personne n’en savait rien !

Fallait il perdre 2 ans pour aboutir à un nombre de logements voisin, à la même surface de terrain vendue, pour un prix quasi identique ?

Mais le projet s’est transformé en une résidence « qualitative » destinée à une clientèle de « cadres moyens + et supérieurs ». En bref, une résidence totalement privée de type libéral (programme Pinel) où le maire confie à un promoteur immobilier la liberté de réaliser une résidence dont on ne sait rien ou si peu.

Ce que l’on en retient en effet, c’est aucune information sur :

  • l’architecture des bâtiments et la conception des logements, leur taille, leur adaptabilité à un public senior, le niveau de confort, les équipements inclus,
  • le prix d’achat des logements et le niveau des loyers
  • les services prévus de base ou à la carte : gardiennage, animation, espaces communs partagés – dont une salle de fitness et une piscine, tel qu’annoncés par le maire lors des vœux aux habitants ?
  • le coût des services, le niveau des charges pour les résidents
  • le devenir « senior » de la résidence au-delà de 9 ans de garantie prévus dans les actes, lors des ventes ou changements d’occupants.

Pour limiter ce risque, nous avons réussi, de haute lutte, à faire acter l’achat par la commune de parts de copropriété (places de parking); l’abandon de la destination « senior » exigerait en effet l’unanimité des copropriétaires. Et on nous a laissé généreusement un espace « d’expression libre » sur un projet dont on ne savait rien. De qui se moque-t’on ? Où est la concertation ? Ce projet est-il la réponse aux besoins de nos aînés ?

Réunion de présentation

La réunion de présentation du 25 mai, soi-disant de « concertation », permettant (selon le maire) « de tenir compte des suggestions » a finalement apporté quelques éléments d’information : une résidence de type Livi’Or (une marque du groupe Vinci), de 76 à 80 logements non meublés, « réservés à des occupants ayant le statut fiscal de retraité » dans trois bâtiments en R+2 reliés, avec des parkings en sous-sol et aériens, et :

  • un prix de vente au m² de autour de 5 000 €, « dans la fourchette haute de l’agglomération », ce qui mettrait le prix d’un T2 de 45 m² autour de 220 000 € et un T3 autour de 280 000 €.
  • des propriétaires occupants et des locataires dont 33 logements locatifs sociaux qui seraient achetés et gérés par un bailleur social à trouver
  • des loyers plafonnés pour les logements sociaux (420 € mensuels pour un T2), et environ 650 € pour un T2 pour les autres locataires
  • une réception ouverte 35h/semaine avec un régisseur, des espaces et services communs dont un salon avec télé, bibliothèque et espace jeux de société, une cuisine, une piscine intérieure (8m x 4m) et une salle de fitness
  • des charges mensuelles annoncées de 2,8 € à 3 €/m² (attention, c’est le tarif habituel des charges sans piscine ni salle de fitness)
  • une animation qui serait coordonnée par le régisseur mais assurée principalement par « des bénévoles, car ces résidences accueillent beaucoup de retraités très actifs »
  • un syndic qui sera propriétaire des parties communes, embauchera la personne chargée de la réception, et gérera l’immeuble.

La pérennité de la destination « senior » serait assurée grâce au statut de copropriétaires du bailleur social, de la commune et du gestionnaire, propriétaires de certains lots (une modification de destination exigeant l’unanimité des copropriétaires). Bien qu’il n’ait pas été cité à ce titre, une garantie viendrait cependant de la présence du bailleur social parmi les copropriétaires.

Pastille

Selon une précision du maire, la commune renforcerait ce dispositif par « l’inscription d’une pastille dans le PLU » – en clair l’indication dans le document d’urbanisme d’une occupation des logements uniquement par des retraités. Il est cependant probable que l’inscription d’une telle « pastille » soit impossible : le PLU intervient au moment de la construction, il peut imposer des règles sur la nature des logements construits, mais pas sur leurs occupants (seul le caractère social des logements est admis).

Il y aurait donc au total dans la résidence senior 33 logements locatifs sociaux gérés par un bailleur social, et 47 logements à la vente.

Sur le même terrain, seront construits 2 bâtiments comportant 34 logements ouverts à l’accession classique, sans logements sociaux.

Le permis de construire sera déposé fin juin 2023, pour un début des travaux prévu en mars 2024.