Ancien gymnase et gymnase du collège – quelle cohérence ?

Au conseil municipal du 16 décembre 2021

La majorité a refusé l’installation de panneaux photovoltaïques sur la toiture du futur gymnase du collège, en avançant la nécessité de renforcer la charpente, l’absence de rentabilité et le risque pris.

La rentabilité se mesure en nombre d’années de recettes pour couvrir l‘investissement. Dans le cas précis, les chiffres de 10 ans, puis 15 ans (avec le renforcement de la charpente) ont été annoncés, sans aucune subvention, ce qui en réalité est excellent.

Le risque avancé était le coût croissant des pannes et la baisse progressive des rendements. Or, les pannes se produisent au cours des premières années (sous garantie) et les panneaux ont une garantie constructeur de 25 ans sur une rendement de 80 % de la puissance initiale. Et le risque concernant le prix de rachat est nul car le prix de l’énergie, comme chacun s’en rend compte, ne cesse d’augmenter.

Trois mois plus tard, au conseil du 10 mars 2022

Nous avons appris que, dans le programme de rénovation énergétique des bâtiments communaux, priorité est donnée à l’ancien gymnase et la salle de fêtes. Le coût annoncé est de 757 815 €.

Le dossier présenté comporte : isolation thermique, (murs, menuiseries, toiture), remplacement des luminaires, mise en place d’une pompe à chaleur, pour un investissement 548 013 € HT
S’y ajoute la production d’énergie (panneaux solaires investissement de 64 000 € HT)

La consommation électrique du bâtiment étant de 9 863 € par an, la rénovation totale permettrait d’économiser 6 213 € par an. il faudrait 88 ans pour « rentabiliser »  ces travaux !!!
L’adjonction de panneaux solaires (à condition que la toiture puisse le supporter) permettrait de produire 4 885 € d’électricité par an, avec un retour sur investissement de 13 ans, comparable à celui qui a été refusé il y a 3 mois pour la toiture du nouveau gymnase.

L’argument avancé par le maire est la possibilité de bénéficier de nombreuses subventions de rénovation énergétique (mais qui ne sont pas acquises), ce qui ramènerait la part de la commune autour de 145 000 €, soit un retour sur investissement de 15 ans pour la part communale, mais une dépense insensée d’argent public.
Nous avons été obligés de rappeler que les subventions sont aussi de l’argent public, qui proviennent aussi de nos impôts, et que notre responsabilité est de ne pas le dilapider.
En outre, le montant annoncé ne comprend pas les travaux de toiture indispensables pour pouvoir installer de panneaux photovoltaïques (renforcement de la charpente ou remplacement de la couverture, pour l’alléger).

Alors pourquoi deux décisions de la majorité aussi opposées, à 3 mois d’intervalle ? L’équipement photovoltaïque de l’ancien gymnase serait-il moins sujet aux pannes que celui du nouveau ? Le projet moins risqué ? Le retour sur investissement plus avantageux ?

Rien de tout cela, les débats nous ont finalement livré les vrais critères de décision.

Pour le gymnase du collège : le projet a été abandonné car « la commune n’a pas eu les subventions régionales attendues ». Le programme Nowatt était arrivé à terme, alors que la commune espérait un taux important de subventions. C’est la raison de l’abandon d’un investissement qui n’avait pourtant pas besoin de subventions pour être rentable (15 ans), et qui aurait ensuite procuré des ressources nouvelles à la commune.

C’est la même logique d’opportunité à court terme (choisir les projets en fonction des subventions) qui a présidé au projet de rénovation de l’ancien gymnase, présenté au conseil du 10  mars :

  • « On ne peut pas laisser passer 80 % de subvention »
  • « Si nous ne le faisons pas ce sont d’autres qui profiteront des subventions »
  • « Ça ne coûtera que 140 000 € »
  • « Ça permettra de rendre ce bâtiment plus joli »
  • « Si on ne fait pas quelque chose, on va encore nous reprocher de ne rien faire »

Au final, cela figerait un équipement, largement obsolète, à grands frais sans s’interroger sur :

  • l’intérêt de l’opération elle même
  • les priorités (il faudrait commencer par les bâtiments communaux les plus énergivores)
  • les besoins ( notamment en rénovant à grands frais une salle des fêtes inadaptée)
  • la concertation annoncée avec la population autour du projet de centre ville . Que va-t-il en rester si la majorité décide a priori de tout cela, avant même que la consultation ne ne soit lancée ?

Dernière nouvelle : le maître d’œuvre missionné pour l’ancien gymnase vient de rendre ses conclusions : une intervention lourde sur le bâtiment, comme ce qui est prévu, exige une remise aux normes complète, et triplerait la facture, plus de 2 millions d’euros. Le projet est donc « remis à l’étude ».

Qu’en sera-t-il du projet (tout aussi fumeux) de rénovation des 200 m² de l’ancienne mairie, pour y installer les 2 policiers municipaux ? Le risque est le même.

Ne serait-il pas temps de faire jouer aux commissions municipales leur rôle d’examen et de questionnement des opérations envisagées, plutôt que de prendre des décisions hâtives et opportunistes ?

N’est il pas temps d’arrêter de surcharger les services pour des « projets » vite abandonnés, sans compter le coût des intervenants extérieurs (cette fois-ci 15 000 €) qui ne peuvent que constater des défauts majeurs qui auraient dû être détectés en amont ?